mercredi 24 décembre 2008

Ao Phang-Nga

Ma dernière journée en Thaïlande est consacrée à l’exploration de la magnifique baie de Phang-Nga et de ses nombreuses îles au relief improbable. La plus célèbre de ces îles est Koh Tapu, aussi connue sous le nom de «James Bond Island» pour avoir servi de cadre à une scène de L’homme au pistolet d’or, avec Roger Moore. Je n’ai toutefois pas visité cette île et ses environs, envahis par les touristes qui font la queue pour prendre LA photo imposée du célèbre pic rocheux. J’ai préféré visiter d’autres îles, en explorant notamment en kayak les grottes à demi submergées et les lagons intérieurs qu’elles renferment.

Baie de Phang-Nga:



Certaines îles qui, de l’extérieur, semblent former une masse compacte cachent en effet des lagons intérieurs qui ne sont accessibles qu’en traversant des grottes souvent très étroites. Il faut s’allonger dans le kayak pour pouvoir se frayer un chemin.

Mieux vaut baisser la tête





pour accéder au lagon intérieur de Koh Phanak:



Koh Hong:



Je profite ensuite d’un peu de temps libre pour faire du kayak avec une vue magnifique sur la baie, puis pour me baigner au pied des pics calcaire de Koh Hong, une des îles de la baie. Cette excursion est absolument merveilleuse.

Quel meilleur cadre pour une séance de kayaking et de baignade?

lundi 22 décembre 2008

Cuisine

Pour mon premier jour à Phuket, j’ai repris des cours. Pas des cours de langue cette fois-ci. La seule chose que je sais de la langue thaïe suffit à me convaincre de ne pas chercher à en savoir davantage: cinq tons confèrent des significations différentes à chaque syllabe. La seule phrase que je sais dire est «mái mài mâi mâi mãi?», qui signifie apparemment: «New wood doesn't burn, does it?». En fait, le problème est justement que je ne sais pas la dire.

Faute de cours de langue, j’ai pris un cours de cuisine. Trop court et trop simplifié pour devenir un vrai chef, mais suffisant pour me donner quelques tours de main. J’ai notamment pu préparer ma soupe préférée, la Tom Kha Gai:



Ainsi qu’un curry vert au poulet (Gaeng Kheo Wan Gai). Ingrédients entrant dans la préparation de la pâte de curry (à noter les 20 piments verts):



et le produit final, juste pimenté comme je l’aime: suffisamment épicé pour vous extraire quelques larmes:



Suivez les conseils du maître:

Phuket

Depuis Koh Phi Phi, je reprends le ferry pour Phuket, la dernière destination de mon séjour en Thaïlande. J’avais bien conscience qu’en commençant mon voyage par Khao Sok, avant de rejoindre Rai Leh, puis Koh Phi Phi et finalement Phuket, j’allais vers du toujours plus touristique. Je redoutais donc mon arrivée sur l’île de Phuket, que j’avais choisie uniquement parce que son aéroport est le seul du sud de la Thaïlande à accueillir des vols directs avec Singapour et parce qu’elle est le point de départ d’une excursion que je tenais à faire.

Mes craintes étaient plus que justifiées: Phuket est encore plus grande et plus développée que je ne l’imaginais. L’industrie touristique tourne à plein régime : les appartements de vacances ressemblent à des barres HLM, les Mcdonald’s et autres Starbucks ont remplacé les vendeurs de brochettes, la mafia des taxis vous rackette de façon éhontée. Patong, le cœur du quartier touristique, offre une vision d’horreur, même si finalement, on peut y trouver matière à satisfaction. Le démarchage des rabatteurs et des vendeurs est tellement insistant qu’il en devient comique; le racolage des filles des salons de massage – «Sawasdi kaaaaaaa, massaaaaaage!» – est tellement excessif qu’il devient une sorte de second degré. Ensuite, c’est une chance que des lieux comme Patong existent. Ils servent de points de fixation pour tout le mauvais goût et la beaufitude dont sont capables certains barbares venus du Nord (il y en a certains qui sont franchement graves).

Si vous séjournez ailleurs sur Phuket, par exemple sur Kata comme je l’ai fait, vous trouvez une ambiance familiale plus agréable. Ce n’est pas vraiment la Thaïlande, cela ressemble à une station balnéaire comme vous pouvez la trouver n’importe où, mais ce n’est pas plus dénaturant que l’ambiance artificielle des resorts sous les cocotiers que l’on peut trouver sur les îles (ou sur Rai Leh, d’ailleurs).

Enfin, il y a une chose que l’on ne saurait dénier à Phuket, et c’est au fond la raison pour laquelle on y va: ses plages sont exceptionnelles. Tout y parfait: le sable, la température et la couleur de l’eau, pas trop salée et tellement calme qu’on se dirait dans une immense piscine.

Plage de Kata à Phuket:

dimanche 21 décembre 2008

Koh Phi Phi

Départ de Rai Leh en ferry pour Koh Phi Phi. Lors du trajet, vous pouvez contempler les différentes îles situées au large de Rai Leh. L'une des plus connues est Koh Gai, l'«île du poulet», reconnaissable à sa forme particulière.



Mais revenons à Koh Phi Phi (prononcez pipi). L'île est parfois présentée comme un paradis perdu. J'avais lu tellement de choses contradictoires à son sujet que me rendre sur place était la seule façon de me faire ma propre idée. L'île ou plutôt les îles: Koh Phi Phi Don, la plus grande et la seule qui soit habitée; Koh Phi Phi Leh, la plus petite. Phi Phi Don elle-même est en quelque sorte constituée de deux îles reliées entre elles par une bande de terre sur laquelle se concentre l'essentiel de l'activité touristique. Le profil de l'île est clairement perceptible depuis le «Viewpoint»:



Koh Phi Phi a incontestablement connu deux événements majeurs. Le plus dramatique est évidemment le tsunami de décembre 2004 qui a totalement ravagé l'île. Des touristes qui ont eu la chance de se trouver sur le Viewpoint à ce moment-là (je veux dire: qui ont eu la chance d'être sur les hauteurs de l'île et donc à l'abri de la vague) ont pris des photos qui montrent comment le tsunami a submergé l'ensemble du bras de terre reliant les deux parties de l'île. Pour ces photos et un aperçu des dégats matériels et des victimes humaines provoqués par le tsunami, voir ici et ici.

L'île a depuis été totalement reconstruite, mais quantité de panneaux vous rappellent que le site est exposé. Le chemin vers le Viewpoint sert d'ailleurs de route d'évacuation.



L’île a aussi connu un développement touristique considérable, d’abord parce que ses fonds marins en font une destination de choix pour le snorkelling et la plongée, mais surtout parce que Phi Phi Leh a servi de cadre au mauvais film «The Beach» avec Leonardo di Caprio. Koh Phi Phi est ainsi devenu un passage obligé de tout séjour dans le sud de la Thaïlande. Or, le statut de destination touristique est difficilement compatible avec celui de petite île tropicale paradisiaque.
Ao Maya, la plage est servi de cadre à «The Beach»:



Vue sur Phi Phi Leh:



En définitive, quelles sont mes impressions? Partagées. Visiter l’île en coup de vent comme je l’ai fait, en ne passant qu’une nuit sur Ton Sai, le bras de terre très développé, ne présente qu’un intérêt très limité. Le tourisme est trop important et les constructions trop nombreuses sur Phi Phi Don pour avoir l’impression de se trouver sur une île paradisiaque. Quant à Phi Phi Leh, si à Ao Maya est incontestablement une superbe baie à l’eau turquoise, l’idée qu’une plage est quelque chose qui se «visite» est assez étrange. La meilleure solution consiste sans doute à passer plus de temps sur une des plages plus isolées de l’île et essayer de se rendre sur Phi Phi Leh en début de matinée avant l’arrivée des flots de touristes.

vendredi 19 décembre 2008

Rai Leh

Après le lac et la forêt, les prochaines étapes de mon voyage me conduisent vers ce qui fait la célébrité du sud de la Thaïlande: ses plages et ses îles. Ma première destination est Rai Leh, aussi orthographié Railay, à quelques kilomètres de Krabi, sur la mer d’Andaman. L’endroit est entouré d’immenses formations calcaires, ce qui ne le rend accessible que par bateau et assure de splendides panoramas.

Le trajet en bateau longue-queue vers Rai Leh, d’une dizaine de minutes, offre déjà de belles perspectives.





Vue d’ensemble de Hat Rai Leh, la plage principale:



La plage est bordée par d’imposantes formations calcaires, qui marquent la séparation avec d’autres plages.





À côté de la plage principale se trouve en effet Hat Phra Nang, encore plus spectaculaire:







Les couchers de soleil sont aussi magnifiques. Mercredi soir, j’ai regardé le soleil se coucher depuis Hat Rai Leh:



et jeudi depuis Hat Phra Nang:



Les singes semblent eux aussi apprécier le spectacle:



À noter que les singes, à Rai Leh, ont une drôle de tête. Après une courte recherche, j’ai pu déterminer qu’il s’agit de «semnopithèques obscurs»:



Cheow Lan

Le lendemain matin, départ pour le lac Cheow Lan (ou Chieow Laan). Il s’agit d’un gigantesque lac artificiel formé lors de la construction du barrage de Rajaprabha. Le lac a englouti la vallée et offre désormais de magnifiques perspectives sur la forêt tropicale et les formations karstiques caractéristiques de cette région. Pendant plus d’une heure, je parcours ce lac à bord d’un bateau longue-queue. Je vous laisse admirer les paysages qui, je crois, se passent de tout commentaire.















Outre les paysages, le bateau constitue aussi un moyen privilégié d’observer la faune de la région. Outre le son des «woodpeckers» dans la forêt, j’ai pu voir des aigles, des «calaos» et des singes gibbons.

Après cette traversée du lac, j’aperçois enfin le petit village flottant dans lequel je vais rester pendant 24 heures. il s’agit d’un ensemble de petits bungalows en bambou flottants sur le lac. Le tout est exploité par les habitants d’un village voisin. Pas d’électricité ni d’eau courante cette fois-ci, mais uniquement un matelas posé à même le sol.





Au programme: exploration de la faune au lever du jour, promenade dans la jungle et visite d’une grotte, canoë et baignade dans le lac, etc. Manger également: contrairement à ce qu’on pourrait penser, les spécialités thaïlandaises servies dans ce petit village improbable sont absolument exquises et les portions sont gargantuesques: curry massaman, poisson frit, salade de porc et bœuf au basilic pour un seul repas! Les prix thaïlandais n’étant pas les mêmes que les prix australiens, je n’avais même pas remarqué que j’avais réservé un tour «privé», c’est-à-dire que j’avais un guide anglophone et un conducteur de bateau pour moi tout seul! Je passe des heures à discuter avec ma guide qui, ayant étudié trois ans en Nouvelle-Zélande, parle un anglais impeccable.

Enfin et surtout, je passe des heures assis devant mon bungalow, les pieds dans l’eau, à contempler le paysage et à écouter les cris des gibbons provenant de la rive opposée. Voici juste pour vous «Virtual Cheow Lan», comme si vous y étiez.



Outre les paysages, une grande partie de l’expérience consiste dans le fait d’être coupé du monde: pas d’électricité, pas de signal téléphonique, à une heure de bateau du monde extérieur. J’ai la de plus la chance d’être quasiment seul dans ce petit village. La destination est à peine mentionnée dans les guides touristique – je ne l’ai découverte qu’à travers des blogs de voyage – et n’attire pas les foules. Les conséquences du blocage de l’aéroport de Bangkok se font de plus cruellement sentir. Ma guide me confie que la moitié des réservations a été annulée.

Le moment le plus agréable consiste à être le premier à se réveiller, juste avant le lever du jour. Vous prenez alors vraiment conscience que vous êtes au beau milieu d’un lac, entouré par la jungle, en Thaïlande, sans moyen de communication avec le monde extérieur. La sensation d'isolement est totale, à la fois effrayante, envoutante et relaxante.

Voici quelques photos des premières lueurs du jour sur Chieow Laan. Les rubans attachés aux bateaux en Thaïlande sont un appel aux esprits censés protéger les embarcations. Bref, c’est censé aider à ne pas couler.







jeudi 18 décembre 2008

Khao Sok

Changement radical d’environnement en quelques heures. Dimanche, j’ai déjeuné sur le pouce à Sydney juste avant de prendre mon vol; dimanche soir, j’ai dîné à Singapour où je me suis arrêté pour dormir, et lundi midi, j’ai déjeuné confortablement installé près d’une rivière à Khao Sok, dans le sud de la Thaïlande, en regardant des singes.

Lundi matin, un vol low-cost me conduit de Singapour à Phuket. Pour rejoindre la jungle de Khao Sok le plus rapidement possible, je me suis offert le luxe d’un «transfert privé». Un chauffeur m’attendait à l’aéroport en voiture climatisée. Cela me faisait gagner pas mal d’heures par rapport aux transports publics et les prix thaïlandais permettent ce genre d’extras. En fait de chauffeur, il s’agissait d’une chauffeur: une jeune Thaïlandaise en polo jaune en l’honneur du roi (évidemment, c’est un lundi). Passant devant un bâtiment, elle m’explique avec un charmant accent thaïlandais qu’il s’agit d’une nouvelle construction, mais que l’ensemble «is big but not very functional». Je suis un peu surpris de voir une jeune fille originaire de Khao Sok disserter en anglais sur la fonctionnalité des nouvelles constructions gouvernementales. Je découvre qu’elle prépare un doctorat en management à l’Université de Bangkok et s’apprête à reprendre l’activité hôtelière de sa famille à Khao Sok. L’industrie touristique représente, je crois, 6% du PIB de la Thaïlande. Elle fait vivre des millions de personnes et finance sans doute les études de bon nombre d’entre elles. Comme quoi, le tourisme a aussi du bon.



Arrivée à Khao Sok: alors que je suis occupé à regarder le paysage, la voiture fait un mouvement brusque pour éviter un obstacle: «Did you see it? Big snake on the road!», me dit ma conductrice. Non, je ne l’ai pas vu, mais cela suffit à planter le décor. Khao Sok est un petit village situé dans la forêt tropicale, écosystème vieux de 160 millions d'années, dans lequel on peut rencontrer des serpents donc, mais aussi (paraît-il) des ours malais, des singes, des léopards et quelques tigres (pour une liste complète, voir ici).

C’est dans cette forêt et au milieu de cette faune accueillante que je vais passer ma première nuit en Thaïlande.





Admirez l’intégration de l’hébergement à l’environnement. Ne me demandez pas comment c’est possible (il faut sans doute avoir fait un doctorat en management), mais ces petits bungalows sont totalement équipés: électricité, ventilateur, toilettes et douche. L’aventure se limite à l’absence d’eau chaude. Comme toujours dans la forêt, c’est le bruit qui impressionne. À Khao Sok, les cigales émettent un son tellement strident qu’il ressemble plus à une alarme incendie qu’à un son naturel.

De votre petite terrasse, vous pouvez regarder les macaques sauter d’arbres en arbres (ou parfois sur le toit de votre «treehouse»). Il y a évidemment quelques risques inhérents à ce genre d’environnement. Personnellement, j’ai failli être assommé par un singe. Ce maladroit a sauté sur une branche morte et les deux sont tombés à deux mètres de moi (remarque aux âmes sensibles: le singe est sorti indemne de l’accident; il avait juste l’air un peu gêné de s’apercevoir que j’avais été témoin de ses exploits).





Programme de l’après-midi: une promenade dans la forêt à dos d’éléphant. J’ai découvert que les éléphants ont des cheveux (bientôt plus que moi). Sur mon chemin, j’ai vu un serpent déguerpir face à l’avancée de mon éléphant. J’ai alors compris ce que voulait dire «big snake». Le «big» n’est pas usurpé.





Au retour, je me promène dans le village de Khao Sok. Même si le tourisme est la principale activité locale, il s’agit vraiment d’un petit hameau. Pas même un petit «Seven Eleven» (enseigne de proximité que l'on trouve partout en Thaïlande comme en Australie d'ailleurs) à l’horizon. Un groupe de quatre jeunes locaux assis à une table m’invitent à faire un brin de discussion. Ils m’expliquent que j’ai raison de venir à Khao Sok: «Khao Sok is good for you; Pattaya = mafia, not good for you!» m’affirme l’un d’entre eux. Je suis d’accord avec lui.