mardi 30 septembre 2008

Présence suisse

Présence suisse inattendue sur le vol-saut-de-puce entre KL et Singapour : un petit gobelet de crème à café aux couleurs de Singapore Airlines ! Et il ne s’agit pas d’une contrefaçon «Made in Singapore», mais bien d’un authentique gobelet suisse avec inscription bilingue : min. haltbar bis / cons. de préf. av.

Le même gobelet était aussi présent sur le vol pour Sydney. Mieux encore, il y avait des filets de perche* au menu ! Plus exactement un délicieux «Wok fried perch fillet in ginger soya sauce served with stewed vegetables and steamed rice». Ceci dit, les perches ne venaient certainement pas du lac et pour être franc, les filets étaient rudement dodus pour être de la perche.
* Explications pour les lecteurs français : les filets de perche (meunière ou au vin blanc, et non au soja) sont une spécialité très appréciée sur les bords du lac Léman.


Petit bilan

Ma petite escale de quatre jours en Asie s’achève bien trop rapidement. Malgré la chaleur et le caractère parfois infernal des villes asiatiques, c’est la gentillesse, l’accueil et le sourire des gens qui retient l’attention. Ce matin encore, dans le monorail de KL, un jeune malais m’a souri et demandé d’où je venais, juste pour le plaisir d’échanger quelques mots avec un étranger. En Malaisie, toutefois, les femmes sont pour la plupart voilées, les visages plus fermés et les sourires plus discrets.
La singularité de la région tient surtout à ce mélange ethnique particulier entre communautés chinoise, malaise et indienne. Il est possible de contempler un temple hindou dans un quartier chinois et d’entendre au loin l’appel à la prière du muezzin. Il s’agit d’un lieu de rencontre entre différentes cultures plus que l’entrée dans un univers culturel distinct. Notamment pour cette raison, le dépaysement m’a semblé beaucoup moins fort qu’en Thaïlande, pays si fier de son identité culturelle.
Je sais, Sophie, je fais une fixation sur la Thaïlande. Je dois même avouer que pour ma soirée à KL, je me suis offert un thaï de luxe, labellisé Jim Thomson, où la nourriture était fantastique (notamment le Mieng Kham, des feuilles de bétel crues que l’on farcit soi-même avec de l’ail, des échalotes, du citron vert, de la noix de coco grillée, des cacahouètes, des crevettes séchées, de la sauce douce et, évidemment, des piments; plus ou moins ça: http://www.realthairecipes.com/recipes/leaf-wrapped-snack/). La serveuse, une Thaïlandaise de Bangkok en stage à Kuala Lumpur pour quelques mois, avait, elle, comme il se doit, le sourire jusqu’aux oreilles.

Troisième étape: Kuala Lumpur

Mis à part les fameuses tours jumelles Petronas (ex-plus hautes tours du monde, plus belles de nuit que de jour), Kuala Lumpur est pauvre en monuments marquants. Difficile de porter un jugement définitif au terme d’une visite si rapide, mais la ville m’a paru assez décevante. De gigantesques marchés de rue contribuent certes à l’animation de Chinatown ou Little India, mais la ville en elle-même est plutôt laide et éreintante, à l’exception de beaux parcs publics à la végétation luxuriante.
Les grandes capitales du Sud-est asiatique – Bangkok, Singapour et Kuala Lumpur – rivalisent pour avoir le centre commercial le plus grand, le plus moderne et le plus luxueux. Alors que Montréal a des galeries marchandes reliées aux grands hôtels pour se protéger du froid, ces villes construisent d’immenses malls climatisés pour se protéger de la chaleur. La jeunesse dorée locale semble frappée d’un goût effréné pour l’entertainment le plus clinquant. Le samedi soir, le centre ville de Kuala Lumpur est envahi par de jeunes couple branchés, sortes de David et Victoria Beckham version locale, qui viennent comparer leurs sonneries de téléphone portable en sirotant des sodas à la terrasse des grandes compagnies américaines de fast-food (en Malaisie comme en Thaïlande, les Kentucky Fried Chicken déclinés en version « Spicy Thaï » font un malheur)





Temple hindou à KL:

Rencontre

Petite particularité du voyage en car : en raison d’une importante fête musulmane cette semaine, les cars s’arrêtent en dehors de Kuala Lumpur au lieu de la gare routière habituelle. Il y a sans doute une navette pour rejoindre le centre ville (on me confirmera à l’hôtel qu’il y en a bel et bien une), mais les chauffeurs de taxi qui vous assaillent vous jurent sur père et mère que non.
Je partage finalement un taxi (teksi en malais) avec l’autre «occidental» du car : un très sympathique Birman de 70 ans vivant à Londres et qui fait aussi escale en Malaisie avant de rejoindre son frère exilé en Australie. N’ayant pas de réservation, il descend dans le même hôtel que moi et nous prenons le petit déjeuner ensemble le lendemain matin.

Super VIP

Poursuite du voyage en car vers Kuala Lumpur. Le car est le moyen de transport le plus rapide et le plus pratique pour circuler en Malaisie. J’aurais voulu prendre le train, mais la connexion avec Malacca est trop mauvaise. C’est aussi le mode de transport le plus économique. Pour quelques poignées de francs suisses ou d’euros, vous traversez le pays en bus Super VIP.
Super VIP ? C’est-à-dire climatisé et doté de sièges plus confortables : trois sièges inclinables par rangée au lieu de quatre et plus d’espace pour les jambes. Bon, la climatisation a tendance à fuir (des gouttes d’eau vous tombent dans la nuque) et des bruits douteux se dégagent du châssis, mais vraiment pas de quoi se plaindre ! Des solutions plus luxueuses existent, avec sièges massants et écrans personnels, mais pour cela il faut au moins prendre l’option Royal Premium Deluxe Executive Exclusive, ou quelque chose comme ça !

Complément: le voyage en car permet aussi de se rendre compte de l'étendue de la culture de palmiers à huile en Malaisie. Sur les conséquences de cette culture, voir par exemple ce lien.

dimanche 28 septembre 2008

Deuxième étape: Malacca

Départ de Singapour le vendredi matin sous des trombes d’eau pour Malacca, en Malaisie.
Malacca est une petite ville dont l’emplacement stratégique (sur le détroit du même nom) lui a valu de subir successivement le protectorat de la Chine (15e siècle), du Portugal (16e), des Pays-Bas (17e) et du Royaume-Uni (19e). Les Anglais renforceront l’importance de Singapour au détriment de Malacca.
La ville conserve des traces de ces diverses influences : Chinatown abrite de nombreuses shop-houses (photos) encore habitées par des chinois ; l’église et le Stadthuys (photos) construits par les Hollandais bordent la place centrale de la ville, pas très loin des ruines de la Porta de Santiago datant de l’époque portugaise.
La ville est charmante mais passablement endormie et touristique. On en a vite fait le tour.





samedi 27 septembre 2008

Première étape: Singapour

Le premier contact avec Singapour commence dès l’avion. Les innombrables louanges lus et entendus au sujet de Singapore Airlines s’avèrent amplement justifiés. Dans toutes ses composantes – confort, divertissements, nourriture, attention du personnel, etc – la qualité du service offert est un niveau au-dessus de ce qui est habituellement proposé. Alors que la classe économique fait généralement penser à une bétaillère, Singapore Airlines vous fait presque penser que vous êtes en Business Class.

Le constat est plus ou moins le même à l’aéroport de Changi : l’infrastructure se révèle d’une qualité, d’une efficacité et d’une propreté presque terrifiantes. Le contraste avec Roissy, aéroport de départ, est saisissant.



(note: il s'agit bien de photos, non d'images de synthèse)

Deuxième constat : à Singapour, il fait très, mais vraiment très chaud ! Pas étonnant, me direz-vous, la ville est quasiment située sur l’équateur. Peut-être, mais n’empêche qu’il fait vraiment très chaud. Dans un premier temps, je pensais faire escale à Hong-Kong et j’avais lu dans un guide anglophone qu’il pouvait y faire « punishingly hot » à cette période de l’année. Je ne sais pas où la chaleur est la pire, mais elle s’apparente assurément à un punition pour le touriste qui cherche à arpenter les rues sur une longue période. Singapour est une ville où on rase les murs pour y trouver un peu d’ombre ou glaner un peu d’air climatisé s’échappant d’un immeuble de bureau ou d’une galerie marchande.

Que dire de la ville elle-même ? On ironise souvent sur SingaBore : la ville serait aussi ennuyeuse que propre. Le jugement est en partie injuste. La ville ne se limite pas à son centre des affaires et à sa baie moderne.
De nombreux shophouses chinois donnent des couleurs à la ville, tandis que les odeurs d’épices sont omniprésentes dans Little India et qu’il est possible d’observer les vaches sacrées des temples hindous tout en écoutant l’appel du muezzin de la mosquée voisine.








Les philosophes politiques auraient de quoi s’intéresser à Singapour, avec son perfectionnisme autoritaire (on vous interdit tout ou presque, même de consommer du chewing-gum, pour votre propre bien) mêlé d’un multiculturalisme bienveillant.

Pourtant, il faut bien reconnaître que Singapour manque du charme et de l'attrait que l'on peut trouver dans d'autres villes asiatiques.

Préhistoire

Pour celles et ceux qui auraient manqué le début de l'histoire: l'un des événements déclencheurs de ce séjour a incontestablement été mon séjour en Thaïlande en novembre dernier. Quelques photos de Chiang Mai, Lampang, Ayutthaya et Bangkok sont disponible ici.

Pourquoi ce titre?

Je n'avais pas envie d'allonger la liste des "mon voyage en Australie", "Marc au pays des kangourous" ou autres "Marc Down Under". Et lorsqu'on me demandait si mon voyage était "Arbeit-, Studien- ou Tourismus-orientiert" comme diraient les germanophones, je me plaisais à répondre que l'objectif était de franchir les frontières entre ces différentes activités aussi allègrement que les frontières entre les différents pays. D'où l'idée d'emprunter ce titre à un article très sérieux (et sans aucun rapport) de Dominique Maingueneau: "Déplacer quelques frontières: à propos des lettres de Pascal aux Roannez".

"Nouvelles frontières" aurait été un titre plus adéquat, mais je n'ai pas osé!