La journée que j’ai préférée lors de mon séjour dans la région d’Uluru fut l’excursion à Kings Canyon, dans le Watarrka National Park. Uluru est impressionnant, mais constitue une sorte de «monument naturel» que l’on contemple pour ainsi dire «de l’extérieur». Kings Canyon est en revanche un site qui offre la possibilité de superbes ballades et permet donc d’expérimenter de manière plus directe et plus physique la beauté et l’aridité de cet environnement naturel.
Le départ de l’excursion est fixé à 4 heures du matin (si c’est pas des vacances actives, ça!). La raison d’un départ si précoce est le souci d’atteindre la destination du jour, située à quatre heures de route, avant que la chaleur ne devienne trop importante. Ce départ et ce trajet nocturnes permettent de se rendre compte de l’importance de la faune dans cette région en apparence désertique. La plupart des animaux vivent la nuit et c’est donc de nuit qu’on a le plus de chances de les voir. La première consigne du chauffeur du car avant le départ est: «Interdiction de se déplacer à l’intérieur du bus avant le lever du jour à cause des fréquents coups de frein.» De fait, à plusieurs reprises, le chauffeur freine fermement pour éviter de heurter des animaux. Kangourous, buffles ou chameaux sont visibles le long du trajet. (Si, si, il y a des chameaux en Australie et le pays les exporte même en Arabie saoudite.)
Je vois une petite dizaine de kangourous. Le chauffeur me dira en avoir vu une bonne quarantaine durant le trajet.
La halte «Brekky», ou halte petit-déjeuner, permet de faire la connaissance d’Aline, qui réunit deux qualités statistiquement improbable dans un groupe d’une vingtaine de personnes perdues dans le désert australien: premièrement, elle est Lausannoise; deuxièmement, qualité encore plus rare, elle voyage seule (c’est bizarre comment, même en groupes, la plupart des gens ne semblent pouvoir voyager que par deux; les voyages en groupe seraient pourtant beaucoup plus agréables et riches en rencontres si chacun voyageait seul).
Quoi qu’il en soit, la halte petit-déjeuner est aussi consacrée à la question existentielle du jour: «Creek Walk» ou «Rim Walk»? Je traduis: faut-il faire la petite marche facile qui explore le fond du canyon (Creek Walk) ou plutôt la longue marche difficile qui fait le tour du canyon par le sommet des falaises (Rim Walk)?
Au départ, je pensais me limiter à la version light. Les organisateurs du tour m’avaient remis une lettre rappelant que les Rangers déconseillent «strongly» de faire la Rim Walk par des températures élevées. Ma visite de Kata Tjuta la veille sous un soleil de plomb avait fini de me convertir à ce jugement.
Une fois dans le car, toutefois, les guides envoient des messages pour le moins contradictoires. D’un côté, ils nous disent que la Rim Walk n’est pas si difficile et nous font comprendre qu’il serait vraiment bête de ne pas la faire. D’un autre côté, ils nous rappellent qu’elle exige un «high level of fitness» et nous font signer une décharge de responsabilité si nous l’entreprenons (avec eux). Après une brève discussion avec le guide et constatant que la température est encore relativement fraîche en ce début de journée (un frisquet 27 degrés à 8 heures du matin), je décide finalement de faire le grand tour.
La montée initiale est effectivement raide et mieux vaut ne pas l’entreprendre par 40 degrés en plein milieu de l’après-midi. J’ai appris plus tard que son surnom dans la région est... «Heartbreak Hill». Pour le reste, la marche ne présente aucune difficulté particulière, même si sur le coup des 11 heures, après trois heures de marche, le soleil commence vraiment à cogner!
Mais l’effort demandé est plus que jamais une partie du plaisir éprouvé et le spectacle offert durant cette marche le justifie amplement. Le parcours de plus de trois heures offre des vues époustouflantes sur les parois vertigineuses du canyon et le désert environnant. La roche est par endroits si rouge que le contraste avec le tronc clair des eucalyptus donne un aspect irréel et encore plus spectaculaire au paysage.
Bref, j’ai adoré Kings Canyon. Que dire d’autre sinon que c’est beau!
J’ai tellement adoré Kings Canyon que je me suis dit que c’était l’occasion ou jamais de faire mon premier vol en hélicoptère! La possibilité existe de survoler le canyon pour pas (trop) cher et je convaincs Aline de faire l’expérience. Nous volons donc quelques minutes au-dessus de cette région. Le spectacle est grandiose. Plus encore que les vues plongeantes sur le canyon, c’est la perspective dégagée sur l’immensité du désert qui impressionne.
Aline, puisque je crois que tu lis ce blog (depuis Lausanne maintenant), j'espère que c'est aussi un beau souvenir pour toi.
De retour sur terre, le repas du soir sera lui aussi un repas de découvertes, avec saucisse d’emu, brochette de kangourou et brochette de crocodile au menu. Verdict: le crocodile, c’est élastique, caoutchouteux et sans goût (en plus, c'est pas vraiment la région); le kangourou, en revanche, est vraiment très «tasty» et, paroles de locaux, il paraît que c’est «low-fat and high-protein».
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